« Vinyasa » – La pratique

« Vinyasa »

Le mot « vinyasa » interroge souvent : on le retrouve un peu partout, en intitulé ou entre deux postures ...

Bien qu'à l'origine il se réfère à une méthode particulière d'enseignement du yoga, (initiée par Tirumalai Krishnamacharya,  père fondateur du "yoga moderne") il semble aujourd'hui recouvrir plusieurs sens, et peut-être même ne plus vouloir rien dire...

Le terme vinyasa désigne communément un enchainement où le mouvement et le souffle se synchronisent, une séquence particulière et rythmée qui crée une transition.

Dans un cours d ashtanga vinyasa yoga par exemple, les vinyasas sont exécutés entre deux postures assises.

Le vinyasa se comprend également comme une pratique à part entière , fluide et progressive, où le mouvement et le souffle s’unissent en une seule et même action créant ainsi une méditation en mouvement.

Au final, le contenu d’un cours de vinyasa yoga, les enchainements et le rythme de la pratique dépendent de l’intention de l’enseignant, de ses inspirations comme de sa créativité.

Y-a-t-il un point commun, un fil conducteur entre ces diverses approches? un sens spécifique à ce terme exotique? Comment "com-prendre" l'essence du  vinyasa?

Mon interprétation ci-dessous est subjective, elle est  un "ressentit-questionnement" que je souhaite partager  ...

En reliant deux postures dans un mouvement continu, en synchronisant mon souffle et mon mouvement, mes actions se confondent : un lien se créé.

C’est d’abord sur mon tapis de yoga que le vinyasa m’enseigne l’art de la relation.

Par la conscience du souffle je reconnecte mon corps et mon esprit, par la pratique des postures j’affine mon rapport à la terre, par le son du mantra « Aum » je fais corps avec les autres autour de moi dans la salle.

Lorsque je prends conscience que j’interagis avec mon environnement et que l’illusion d’être une partie isolée d’un tout se dissipe, je peux développer la capacité de m’adapter à une réalité renouvelée à chaque instant.

La fluidité dans le mouvement, c’est savoir changer ses repères avec aisance pour trouver l’équilibre dans un monde incertain et changeant.

Vinyasa est composé de deux racines sanscrites : nyasa  « placer » et vi  « d’une manière spécifique ».

L’origine du terme résonne comme une invitation à changer de perspective. Pour m’adapter, je dois d’abord me placer d’une manière particulière et devenir observatrice.

Si je cesse de transformer la réalité parce qu’elle ne correspond pas à mes attentes, si j’abandonne mes regrets, mes projets et mes désirs de transformation, le dialogue mental cesse et je m’abandonne au présent.

 

Dans ce silence l’écoute devient possible.

 

C’est maintenant que je goute les sensations qui parcourent mon corps et que je suis témoin de la qualité de mes pensées ; consciente, je peux m’adapter avec intelligence.

Sur le plan pratique, il suffit parfois de s’en remettre à l’évidence :

Si je me sens épuisée et agitée je choisi une pratique relaxante et restauratrice plutôt que mon cours habituel de yoga dynamique, ou encore, je préfère déguster un plat chaud et savoureux en plein hiver plutôt qu’une salade de crudités.

Développer une écoute bienveillante de ses besoins, une observation curieuse de son environnement et s’amuser à s’adapter toujours plus en justesse c’est devenir funambule.

L’équilibre est la somme de mouvements subtils et ininterrompus sans lesquels il n’existe pas de stabilité.

Délier son corps sur un tapis de yoga pour le libérer de ses tensions, c’est prendre le chemin vers soi en passant par la périphérie pour rejoindre le centre.

La fluidité des enchainements qui relie mes postures et l’unité entre mon souffle et mon mouvement me font signe vers autre chose : je suis en harmonie lorsque je peux danser ma vie.

Le vinyasa commence maintenant. Et surtout quand je range mon tapis.

 

Tatiana Burstein.

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